Les ZFE, cet acronyme n’importe quel automobiliste résidant ou circulant en ville le connaît et on avoue qu’on a eu l’occasion de vous en parler à de nombreuses reprises. Dernièrement, on se demandait si les voitures radars seraient bientôt interdites dans les ZFE ? Aujourd’hui, c’est le sujet des ZFE qui est carrément remis en question. En effet, le sénateur Philippe Tabarot a dévoilé la semaine dernière les résultats de la consultation en ligne sur la perception des Zones à Faibles Émissions (ZFE). Sur les 51 346 participants engagés, 86 % expriment leur opposition à l’implémentation de telles zones.
Premiers résultats de la consultation en ligne au sujet des ZFE
La consultation en ligne menée par la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat révèle que 86 % des participants, comprenant à la fois des particuliers et des professionnels, expriment clairement leur désapprobation envers les zones à faibles émissions (ZFE). Cette enquête volontaire, qui a enregistré les réponses de 51 346 personnes, soit une proportion de 93 % de particuliers et 7 % de professionnels, est un véritable record de participation selon le sénateur des Alpes-Maritimes, Philippe Tabarot. Il souligne que ce niveau d’engagement témoigne des nombreuses préoccupations suscitées par ce dispositif chez les Français. Toutefois, il est important de noter que le rapporteur de la mission de contrôle sur les ZFE a souligné que cette consultation n’est pas représentative en raison de son caractère volontaire. Néanmoins, il convient de souligner que 97 % des répondants sont déjà familiarisés avec ce dispositif.
Une possible tension sociale en vue ?
Les participants volontaires ont ainsi répondu à une série d’une vingtaine de questions posées par les sénateurs. Les résultats indiquent que 86 % des particuliers et 79 % des professionnels se sont opposés aux zones à faibles émissions (ZFE). Il est intéressant de noter que la part de ceux qui sont « tout à fait opposés » est nettement supérieure à celle des « plutôt opposés ». Parmi les particuliers, 69 % se sont dits « tout à fait opposés » tandis que 17 % se sont déclarés « plutôt opposés ». Les répondants n’ont pas mâché leurs mots pour exprimer leur mécontentement. Le Sénat a compilé les mots récurrents identifiés dans les témoignages, créant ainsi un patchwork de réponses. On peut y lire des déclarations telles que : « C’est de l’exclusion sociale pure », « Il y a une discrimination flagrante entre les citoyens ; ceux qui ont les moyens de suivre la technologie et les autres », « Il s’agit d’une mesure technocratique qui crée également une inégalité d’accès au centre-ville en fonction de sa situation financière ». Ces témoignages reflètent clairement l’opposition des répondants envers ce dispositif.
« Je ne vais pas prétendre que nous avons filtré… mais dans les nuages de mots que nous avons générés, nous avons fait en sorte de ne pas inclure des termes que la décence rejette. Nous avons rencontré un peu de tout. Des expressions allant des « zones à fort emm**dement » aux « zones à forte exclusion« . Ces termes reflètent les inquiétudes quant à un risque de creusement des inégalités sociales », souligne le sénateur des Alpes-Maritimes.
Des écarts géographiques et sociaux à prendre en compte
La consultation orchestrée par le Sénat met en lumière des disparités dans les réponses en fonction de la géographie et de la catégorie sociale. Ainsi, parmi les participants particuliers au questionnaire, 60 % résident à proximité d’une ZFE, tandis qu’un quart vit dans la Métropole du Grand Paris (24 %). Par ailleurs, la consultation révèle que plus un répondant réside loin du centre d’une métropole, plus il exprime son opposition au dispositif. Ainsi, 23 % des volontaires résidant en centre-ville se déclarent favorables aux ZFE, contre seulement 8 % dans les communes rurales. Sur le plan social, les réponses varient également selon la catégorie socioprofessionnelle. Ainsi, 25 % des cadres et 28 % des étudiants se montrent favorables aux ZFE. En revanche, seuls 11 % des employés et 4 % des ouvriers soutiennent le dispositif. Il convient néanmoins de préciser que les répondants expriment majoritairement leur opposition aux ZFE, quelle que soit leur catégorie socio-professionnelle.
Le principal obstacle au déploiement des ZFE réside dans le coût élevé des véhicules propres, selon 77 % des particuliers, suivi de l’accessibilité insuffisante des métropoles depuis les zones périurbaines ou rurales (51 %) et du manque d’options de transport alternatif (42 %). Malgré la menace d’une amende de 68 euros à long terme, 83 % des particuliers n’envisagent pas pour autant de changer de véhicule pour accéder aux ZFE.
Bilan à mi-juin : les conclusions de la consultation
Depuis le mois de mars, en complément de la consultation en ligne, le Sénat a procédé à plus de 40 auditions. En tant que rapporteur de la mission flash sénatoriale, Philippe Tabarot souligne qu’il attend encore certaines informations avant de présenter ses conclusions mi-juin. Il constate que certaines métropoles très volontaristes ont fixé des délais très serrés et sont maintenant contraintes de faire marche arrière. Il reconnaît que nous ne sommes plus dans un clivage politique sur cette question.
Selon le sénateur, la meilleure solution actuelle face aux ZFE réside dans le transfert modal, en mettant l’accent sur les transports en commun. « La simple présence de 40 millions de véhicules électriques ne résoudra pas le problème de la congestion routière », affirme-t-il. Il est important de rappeler que d’ici 2025, 43 agglomérations de plus de 150 000 habitants seront concernées par les ZFE, ce qui englobe un total de onze métropoles. Le sénateur souligne que ce rapport mené par le Sénat vise également à éviter le risque d’une « bombe sociale à retardement« , une préoccupation exprimée dans l’opinion publique.
Quand c’est non, c’est non ! Les résultats de la consultation menée par le Sénat révèlent que la population française est clairement opposée aux Zones à Faibles Emissions (ZFE). Bien que la consultation ait été volontaire, ceci a néanmoins offert aux répondants un espace pour exprimer leur mécontentement et leur méfiance envers ce nouveau dispositif. Les écarts géographiques et sociaux identifiés témoignent d’une large inquiétude quant à un risque de creusement des inégalités sociales. Il semble donc primordial que les autorités prennent en compte ces résultats afin de trouver une solution satisfaisante pour tous qui contribuerait à réduire la congestion routière et la pollution tout en limitant le plus possible le risque d’une « bombe sociale à retardement ».